Le(s) pré-pré-prototype(s)

Avant la phase de prototype de l'ADEME, qui tarda un peu à se lancer, nous avons décidé de tout de même avancer sur la conception du Snake bike. Notez qu'en plus d'être parti d'une page blanche au début du projet, nos compétences pratiques en mécanique étaient également légères. Il a fallu apprendre beaucoup et, à fortiori, faire un paquet d'erreurs. Qui plus est, les ressources pour éviter les détours inutiles ont été maigres, manque pour lequel ce blog tente d'amener sa part.

Les illusions

Au départ, nous partions d'un principe "recyclage en masse". C'est à dire partir de vélos trouvés d'occasion et, avec le matériel ainsi récolté, cannibaliser le tout pour en faire un véhicule innovant. La douche froide a mis du temps à nous détourner de cette voie et j'aurais bien aimé que quelqu'un me dise plus tôt "laisse tomber la récup, t'as pas le niveau".

Parce que la récup' requiert une capacité d'adaptation énorme. Il faut donc avoir des compétences d'un assez haut niveau en travail du métal, en soudure, en usinage, etc pour pouvoir "faire feu de tout bois". Qui plus est, chaque vélo est différent, surtout quand on les choppe d'occasion. Alors pour faire quelque chose de correct, on passe son temps à chercher des moyens d'adapter telle pièce de l'un avec telle de l'autre.

Mais surtout, faire avec de la seconde main n'est pas du tout compatible avec un projet comme l'extrême défi ! Si je veux faire mon véhicule perso dans mon coin, pourquoi pas (et encore). Mais pour faire un véhicule innovant qui puisse ensuite être industrialisé, ou du moins rendu disponible et faisable par le public, la récup' c'est niet !

C'est quand on a rencontré Martin, notre soudeur, pour la première fois avec des plans d'une version faite de récupération qu'il nous a bien refroidi. Et il a bien fait. 

Donc, après cette belle perte de temps, bien que nous y ayons appris, nous passons enfin à des matériaux standards et neufs.

Notre tout premier pré-prototype.
Dûment nommé "Le tracteur".

Il n'a pas l'air peut-être, mais c'était
vraiment de la camelote.

 

Versions et évolutions

Nous sommes passés par de nombreuses, trèèèèès nombreuses versions du Snake. Et, pour être honnête, je ne suis pas certain que nous en soyons à la dernière, ni même proche. Je ne saurais dire le temps que j'ai passé sur mon logiciel de 3D pour tester et retester des dimensions, des formes, etc.

Dans tout le processus de réflexion, la simplicité a toujours été la cible : faire quelque chose de simple, ce qui est très difficile. Ainsi, le tracteur nous a enseigné deux choses : ne pas tenter le recyclage ; et que la propulsion arrière sur deux roue, c'est compliqué.

Mais nous tenions avoir plusieurs roues à l'arrière, alors j'ai tenté un truc un peu bâtard : une roue arrière centrale pour la propulsion (simple) et deux roues latérales pour l'équilibre. Sur le papier, c'était relativement séduisant. Et en pratique, c'était plutôt cata...

Le "Fantôme". Structuré avec la technique
du XYZ (et du Vhelio).

Une grande roue motrice, une grande roue d'équilibre
(à droite) et une petite roue de compensation qu'on ne
voit pas bien ici. Oui, c'est plutôt laid.

Et puis je ne vous parle pas de la direction. On a tenté un bricolage pour faire un pseudo volant... Bref, on voit que je ne suis pas mécano et, le bricolage, au bout d'un moment, c'est gonflant.

Les apprentissages du fantômes sont aussi multiples :

  • La structure XYZ n'est pas du tout adaptée au prototypage (c'est hyper long !).
  • La triple roue arrière, c'était une mauvaise idée...
  • Mais la roue arrière motrice, avec un moyeu Shimano inter 8 permet de changer les vitesses à l’arrêt (crucial pour le Snake bike) et offre une construction simple et élégante.
  • Le volant, c'est mort ! Après moult recherches pour utiliser une structure de direction existante (go-kart, tondeuse, etc), nous avons tenté un montage fait maison et le résultat est sans appel : c'est bancal et/ou très cher. Donc on oublie le volant.

Comme les leçons ont parfois du mal à rentrer, j'avais tenté aussi une version à trois roues arrière mais avec un cadre plus simple : un gros bout d'aluminium en section carrée de 40x40mm. Pour la solidité, c'est bien, mais les trois roues arrière, ça reste pourri. Je n'ai pas de photo de celui-là, je ne les retrouve pas. Et une fois de plus, plusieurs apprentissages importants, que j'aurais aimé avoir avant de commencer :

  • Utiliser des pièces du commerce, de qualité. Je pense notamment au tendeur de chaîne, aux dérailleurs, au pédalier, à l'axe de pédalier, des chaînes neuves. Bref tout le matos de cycle qu'on ne va pas réinventer ni substituer par un bricolage lambda.
  • Faire une structure en bois ! Avec quelques éléments métal peut être, quand il n'y a pas le choix. Mais le bois reste le plus facile à modifier et "mouler" selon nos idées.
  • Faire moins de 3D et plus de réel. C'est plus cher, certes, mais ça fait émerger les problématiques beaucoup plus vite.

En route pour un vrai pré-prototype

On a donc fait beaucoup de pré-pré-prototypes et encore plus d'erreurs. Maintenant qu'on sait bien ce qu'il ne faut pas faire et à peu près ce qu'on veut faire, voilà la liste d'achat dans laquelle nous nous lançons pour le pré-prototype, le vrai :

  • roue 28 pouces avec un Nexus 7V adapté au freins à rouleaux ;
  • freins à rouleaux ;
  • tendeur de chaîne ;
  • pédalier 44 dents ;
  • axe de pédalier auto serrant ;
  • poignée de vitesses ;
  • poignée de freins ;
  • chaînes ;
  • câbles et gaines ;
  • roues avant 20 pouces avec axe 14mm ;
  • rotules et roulements divers et variés ;
  • du bois (ici un bastaing de sapin rouge).

Avec tout ça, on doit pouvoir faire quelque chose.

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